Patrimoine campanaire en campagne
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Campane (d’où l’adjectif campanaire) est un ancien terme pour cloche : c’est de Campanie, région de Naples au sud de l’Italie, que proviendraient les plus anciennes cloches. Le mot cloche vient lui-même du bas latin clocca (et peut-être d’un hypothétique claudica, qui boîte, qui penche d’un côté et de l’autre), on trouve l’anglais clock, l’allemand Glocke : les spécialistes balancent, comme la cloche elle-même, se demandant gravement si le mot latin a donné les dérivés anglo-saxon et germanique ou l’inverse. Sans entrer dans ce débat, parlons des cloches de l’Indre, connues d’une poignée de maires et de quelques spécialistes…
En effet les cloches, font partie, comme presque toutes les églises de l’Indre, du patrimoine communal depuis la séparation des Eglises et de l’Etat (loi du 9 décembre 1905). Pendant la Révolution, un décret du 23 juillet 1793 avait ordonné la conservation d’une seule cloche par commune pour les sonneries civiles (les heures, le tocsin) et la fonte des autres pour en faire des canons… ou de la monnaie. Avec le Concordat, le XIXe siècle repeuple nos clochers. La base informatique Palissy, qui recense les objets protégés au titre des monuments historiques, compte à ce jour 8 438 notices, soit près de 10 000 cloches : c’est beaucoup et peu pour les 36 700 communes françaises et les quelque 47 000 édifices cultuels ! La plus ancienne recensée est celle de Sidiailles (Cher), datée entre 1225 et 1250. Mais à Diou et à Sainte-Lizaigne, l’Indre possède deux cloches aussi anciennes. Le département compte 165 cloches historiques du XIIIe au XXe siècle, dont 77 antérieures à la Révolution. Elles portent généralement des inscriptions qui permettent de les dater.
Rude vie pour les cloches habituées aux coups ! Elles sonnent les heures, les angélus, les baptêmes, les mariages, les enterrements, le tocsin pour les incendies et les déclarations de guerre (1er août 1914 et 3 septembre 1939), la libération du territoire ou la paix : à tous les évènements importants publics et privés, les cloches sont présentes. Mais leur alliage d’étain et de cuivre finit par s’user aux points de frappe, et sans surveillance, c’est la fêlure.
Autrefois, les cloches fêlées étaient refondues. Aujourd’hui, les clochers sont surveillés régulièrement par des entreprises spécialisées. Ce n’est pas une mince affaire que de descendre une cloche et de la ressouder ou de la recharger en atelier ! Heureusement, une cloche classée monument historique peut bénéficier d’une subvention de l’Etat (DRAC Centre) allant jusqu’à 50% du montant hors taxes et de 20% du Conseil général de l’Indre (fonds patrimoine) : le « millefeuille » a parfois du bon… C’est ainsi par exemple que le samedi 17 mai 2014 la « petite cloche Marguerite », née en 1514, est revenue après réparation dans l’église de Lourouer-Saint-Laurent au milieu de l’allégresse générale des Louroueriens, à laquelle avait contribué le pâtissier. D’autres restaurations sont prévues ou en cours. Le patrimoine campanaire est en mouvement.