L’Indre dans une Guerre de Trente Ans 1914-1945

Archives Départementales
Mise à jour :
16/10/2014 à 14 h 19
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Archives départementales de l'Indre
1 rue Jeanne d'Arc
36000 Châteauroux
Téléphone : 02 54 27 30 42
Télécopie : 02 54 27 85 60
archives.indre@cg36.fr

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16/10/2014 à 14 h 19
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D’une guerre à l’autre, des grands conflits du premier XXe siècle, les Archives départementales de l’Indre proposent jusqu’au 8 mai 2015, une grande rétrospective des deux Guerres mondiales : L’Indre dans une Guerre de Trente Ans, d’août 1914 à mai 1945.

Le département de l’Indre vit en 1914 loin des combats, mais ils sont proches par la presse et par la correspondance échangée avec leur famille par les 29 298 poilus de l’Indre mobilisés. Après avoir connu le passage de l’armée française en déroute, l’Indre est en zone libre fin juillet 1940 et est occupée à partir de novembre 1942 : le département sert de théâtre aux actions de la Résistance et de lieu de passage à l’armée allemande en retraite en août 1944. Documents d’archives, affiches de propagande, objets du quotidien contribuent à mieux comprendre un siècle plus tard des engagements individuels et collectifs où la population civile est de plus en plus impliquée.
Des panneaux pédagogiques aident à analyser les deux conflits, à la lumière des nouvelles recherches historiographiques autour de thèmes liés à "l’esprit de revanche", à l’engagement, à la violence ou à la propagande.

L’effort pour la victoire
Le hall est consacré aux grands hommes, à la guerre et à la République. Le visiteur pourra découvrir la "Défense de la Patrie" et "l’Entrée en Guerre" de 1914 et de 1940, avec un rappel de la défaite de 1871. Menacée en 1914, la République s’effondre en 1940, mais triomphe en 1945 après de nombreux sacrifices, comme en témoigne le buste de Roger Cazala, mort en déportation. L’idéal de la défense de la patrie en danger est celui du soldat de Valmy en 1792, représenté par Bernard Naudin.

La visite se poursuit par la "Guerre qui s’affiche". En effet, après l’été et l’automne 1914 meurtriers, chacun sait que la guerre sera longue et surtout coûteuse : une belle collection d’affiches illustrant les emprunts nationaux entre 1915 et 1918 fait appel à la générosité de nos ancêtres. En 1940-1944, on pourra hocher la tête devant les mérites du maréchal Pétain ou les tracts antisémites. Tout est mis en oeuvre pour que personne ne reste indifférent ou inactif. La propagande, les annonces de spectacles, les tracts, les messages clandestins contribuent à la mobilisation des esprits durant chaque conflit : le visiteur lui non plus n’y restera pas insensible.

L’administration s’organise : les camps de prisonniers et d’internement
Le département a hébergé en 1914-1918 entre 3 000 et 5 000 prisonniers allemands, logés dans de grands bâtiments à Issoudun ou Valençay et utilisés pour l’agriculture ou l’industrie. Les civils sont internés dans le "camp de concentration" de Bitray, qui regroupe les civils des nations en guerre avec la France. L’archiviste Eugène Hubert, non mobilisable, s’est porté volontaire pour assurer leur suivi administratif et transforme en bureau auxiliaire du service des étrangers sa salle de travail (c’est alors le salon de l’ancienne maison de l’imprimeur Migné, 32, rue de la Vieille Prison, qui a servi à l’accueil du public jusqu’en 2003) ! Ce sont
1263 personnes (36 % Allemands, 42 % Autrichiens, 4 % Polonais, 10 % Hongrois et Tchèques), logés d’abord à l’institution Léon XIII, puis en partie à Saint-Gaultier, Argenton, Levroux, finalement regroupés à l’hospice d’aliénés de Bitray nouvellement construit.
Pas de confort : paille pour le couchage, promiscuité assurée, et une petite boule de pain par jour. L’administration est parfois bienveillante : les jeunes Alsaciens, alors Allemands, ont droit à l’école primaire (en français !). Le jeune graveur tchèque Friedrich Skurawy dessine le cortège des internés se rendant à Bitray par la rue Victor Hugo tandis que le philosophe allemand Bernard Groethuysen, grâce aux interventions d’Henri Bergson et de Léon Blum, sera autorisé à résider en ville.

En 1939, la situation est différente : on aménage près du Blanc à Douadic des baraquements, d’abord pour les Allemands faits prisonniers, puis pour les réfugiés étrangers ; à partir d’août 1942, c’est un centre de ramassage ou de triage de juifs étrangers, transférés ensuite à Nexon, Rivesaltes, puis Drancy : la France de Vichy cède partiellement aux demandes du Reich. Le camp finira par abriter des "collabos" arrêtés.

Le public et l’intime
Des documents plus personnels sont exposés au public : lettres d’Allemagne ou de Bulgarie, écrites par des soldats prisonniers originaires de Clion, Saint-Gaultier, Sainte-Gemme, Le Magny, Châteauroux, Vigoux, Badecon-le-Pin, Aigurande... Ils demandent un gilet, une capote, du tabac au Comité départemental des prisonniers, ils veulent aussi garder un contact avec leur pays. Ce sont aussi des correspondances familiales ou même des objets émouvants : un obus du front de la Somme gravé et ramené en souvenir, des brassards utilisés pour les enterrements près du front, des décorations, des photos. En voyant tant de souffrances, de violences, de deuils et d’abnégation, on comprendra mieux la joie de la paix retrouvée et les valeurs de liberté et de fraternité de notre devise républicaine !

CHRONIQUE Campane (d’où l’adjectif campanaire) est un ancien terme pour cloche : c’est de Campanie, région de Naples au sud de l’Italie, que proviendraient les plus anciennes cloches.

CHRONIQUE Il y a (presque) cent ans, le Journal officiel publiait la loi du 31 décembre 1913 sur les monuments historiques. Un nouveau régime était créé pour les immeubles "dont la conservation présente, au point de vue de l'histoire ou de l'art, un intérêt public".

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