Les grandes heures du comté de Buzançais

  • Chabot de Brion 
  • Sceau Chabot 
  • Forges Bonneau 
E. Hubert
Mise à jour :
4/1/2010 à 15 h 56
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4/1/2010 à 15 h 56
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A côté de la ville gallo-romaine correspondant à l’emplacement de l’ancien faubourg Saint-Etienne, s’élève vers 870 un château fortifié ou « motte », offert par le roi Charles le Chauve à l’un de ses fidèles, Aymon, avec la « motte » de Châtillon-sur-Indre et un tiers d’Amboise. Ses descendants possèdent la seigneurie pendant plusieurs siècles et ont laissé des traces par des dons aux églises de la région, comme l’abbaye Notre-Dame du Landais ou le chapitre Saint-Silvain de Levroux. Au XIIIe siècle, une famille de chevaliers, dont le premier est Jean de Prie, tient la seigneurie, jusqu’en 1531, date où ses successeurs, de plus en plus endettés, vendent à un grand seigneur : Philippe Chabot

Le premier comte de Buzançais

D’une famille poitevine, Philippe Chabot avait été élevé dans l’entourage de François d’Angoulême, le futur François Ier, qui l’honorait de son amitié. Soldat intrépide, compagnon de captivité du roi après le désastre de Pavie, il fut chargé des négociations de paix. Il est amiral de France (1526), de Bretagne (1531), de Guyenne (1532) ; ses terres de Charny en Bourgogne et de Buzançais en Touraine sont érigées en comtés (1533). C’est à Marseille, où il vient célébrer le mariage de son fils Henri avec Catherine de Médicis, que François Ier fait sceller l’édit d’érection de la baronnie de Buzançais en comté, terre qui « est belle, noble et antienne, de grand revenu et valleur, et dont et de laquelle sont tenuz et mouvans plusieurs beaux fiefz, places et seigneuryes ». En bon propriétaire, Chabot s’était fait délivrer par le Parlement de Paris ses titres : un rouleau de 24,70m. de long sur 0,64m. de large de 45 peaux de parchemin collées, détaillant les procédures, depuis l’engagement de la seigneurie par la famille de Prie en 1502 jusqu’à son achat en 1531, moyennant 200 500 livres : l’archivage modèle de l’époque !

Chabot fit construire le Château Neuf, aujourd’hui disparu, dont les lucarnes portaient ses armes (écartelé au 1 et 4 de 3 chabots, au 2 d’un lion, au 3 d’un rais) accompagnées d’une ancre marine et du collier de l’ordre de Saint-Michel. La vue de l’ingénieur du roi Chastillon au début du XVIIe siècle montre une grande façade dépouillée, mais imposante, devant une terrasse dominant l’Indre près des remparts. Plusieurs familles se succèdent après sa mort jusqu’à l’achat en 1699 pour la somme de 220 000 livres (le prix n’avait guère varié depuis 1531 !) par un puissant personnage, Paul de Beauvilliers.

Les Beauvilliers

Paul de Beauvilliers, duc de Saint-Aignan, comte de Buzançais, de Palluau, de Montrésor et d’Argy était le gendre du ministre Colbert. Il fut lui-même ministre d’Etat et capitaine du château de Loches. Philippe V l’a fait grand d’Espagne et son comté est ainsi appelé « comté grandat ». Sa femme, Henriette-Louise Colbert, se montra généreuse pour les Hôtels-Dieu de Buzançais et de Palluau.

Le dernier duc de Saint-Aignan est Charles-Paul-François de Beauvilliers. Homme éclairé, partisan de la Révolution, il est emprisonné pendant la Terreur. Mais ce propriétaire des forges de Bonneau dirigeait une industrie stratégique, comme on dirait aujourd’hui : des patriotes témoignent en sa faveur et il est relâché. En 1804, le haut-fourneau de Bonneau et les mines alentour employaient 300 ouvriers et rapportaient 67 000 francs ! Beauvilliers est maire de Buzançais, membre du conseil général de l’Indre, dont il est président de 1817 à sa mort. Mais sans doute pour préparer sa succession, après avoir vendu sa forge en 1812, il vend son château de Buzançais en 1828 : à sa mort dans son hôtel parisien quelques mois plus tard, il ne laisse, avec beaucoup de biens fonciers, qu’une somme de 13 302 francs provenant de la vente du mobilier de son château berrichon.

Ainsi finit le dernier comte de Buzançais, et le palais comtal devint la mairie et la justice de paix, siège du nouveau pouvoir administratif et judiciaire qui remplaçait les seigneurs de jadis.

Marc du POUGET
Directeur des Archives départementales et du Patrimoine historique de l'Indre

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