La « Révolution tranquille » transforme le Bas-Berry en Indre

  • Assiette représentant le Tiers-Etat chargé des emblèmes du clergé et de la noblesse (Musées de Châteauroux) 
  • Drapeau du bataillon auxiliaire du département de l’Indre (Arch. dép. Indre, L 725) 
  • Jérôme Legrand, député du Tiers-Etat de Châteauroux (Arch. dép. Indre, collection Joseph Thibault) 
Mise à jour :
7/6/2010 à 15 h 31
Partager :
Imprimer cet article :

Archives départementales de l'Indre
1 rue Jeanne d'Arc
36000 Châteauroux
Téléphone : 02 54 27 30 42 
Télécopie : 02 54 27 85 60
archives.indre@cg36.fr

Mise à jour :
7/6/2010 à 15 h 31
Partager :
Imprimer cet article :

Pensez un peu : l’habitant de la paroisse de Fléré-la-Rivière, dans le diocèse de Bourges, paie la dîme (si elle n’a pas été engagée à un laïc) au chapitre de Châtillon-sur-Indre ; il règle l’impôt des non-nobles (la taille) à l’élection de Châteauroux, il s’acquitte de la gabelle au grenier à sel de Loches, il se plaint en justice auprès du lieutenant du bailliage de Tours en appliquant la coutume de Touraine.

Le vent des réformes : naissance des départements, puis chute de la monarchie

Il fallait mettre fin à beaucoup de situations injustes héritées d’une longue histoire : « je suis las de les porter », fait-on dire au paysan, courbé sous les symboles du clergé et de la noblesse. A la faveur de la crise financière du royaume de France, les Etats généraux se réunissent. Des troubles éclatent à Paris (prise de la Bastille, journées d’octobre qui ramènent Louis XVI de Versailles à Paris), des émeutes et une « Grande Peur » en province. L’année 1789 voit triompher les principes de souveraineté de la Nation, de liberté et d’égalité. Des Castelroussins, tels Jérôme Legrand ou Guillaume-Barthélemy Boëry, députés du Tiers-Etat, jouent alors un rôle important.

Les Etats généraux transformés en « Assemblée nationale » (la formule est de Jérôme Legrand) créent de nouvelles circonscriptions, les départements (4 février 1790). Les paroisses sont devenues des communes et en 1792, les actes d’état civil ne relèvent plus du curé. Celui-ci est un fonctionnaire, payé par l’Etat qui a mis la main sur les biens d’Église, il relève d’un évêque élu, et doit prêter serment d’obéissance à la nouvelle organisation. Le pape finit par condamner cette réforme audacieuse, mais n’est guère suivi dans l’Indre. En revanche à Paris et dans beaucoup d’endroits, les passions se déchaînent. Le 10 août 1792, la foule envahit le palais des Tuileries à Paris et la République est proclamée le 21 septembre suivant. 

Le nouveau régime doit affronter la guerre civile et étrangère, il se radicalise en votant la mort du Roi. Le département de l’Indre vit alors à l’heure jacobine, avec d’ardents discours patriotiques. Un tribunal criminel applique une justice d’exception, qui ne fait heureusement que quatre victimes ! 

Les nouveaux symboles républicains

L’administration impose de nouveaux symboles, remet profondément en cause les pratiques religieuses traditionnelles : abandon du calendrier grégorien pour la semaine de 10 jours, changement du nom des communes (Châteauroux devient Indreville ou Indrelibre, Déols Céréale, Saint-Gaultier Rochelibre). De nouvelles fêtes sont instaurées, comme celle de l’Etre Suprême. Des valeurs sont sublimées, la bienfaisance, le patriotisme et le civisme. L’élan patriotique a secoué une partie de l’opinion, les volontaires de l’Indre portent le drapeau tricolore aux quatre coins de l’Europe.

Après quelques années de désorganisation, le Consulat amène dans l’Indre un nouveau représentant du pouvoir central : le préfet, qui administre et surveille en maintenant l’essentiel des réformes de la Révolution.

« Aux Archives, citoyens ! »

C’est à une nouvelle lecture des évènements et des hommes de la Révolution et du Premier Empire dans le département de l’Indre que, à grand renfort d’illustrations et d’objets, nous convie l’exposition « L’Indre en Révolution des Lumières à l’Empire » de « vendémiaire » à « nivôse », pardon, du 18 septembre au 23 décembre. On peut y admirer un mobilier raffiné, une maquette d’époque de la Bastille à côté de la lettre d’un témoin racontant l’assaut de la forteresse, et une galerie de portraits d’époque ou imaginés par le talent de Bernard Naudin : donc « aux archives, citoyens »  !

Marc du POUGET
Directeur des Archives départementales et du Patrimoine historique de l'Indre

CHRONIQUE Campane (d’où l’adjectif campanaire) est un ancien terme pour cloche : c’est de Campanie, région de Naples au sud de l’Italie, que proviendraient les plus anciennes cloches.

CHRONIQUE Il y a (presque) cent ans, le Journal officiel publiait la loi du 31 décembre 1913 sur les monuments historiques. Un nouveau régime était créé pour les immeubles "dont la conservation présente, au point de vue de l'histoire ou de l'art, un intérêt public".

Plus d'infos...