L'île du Moulin à Chabris

  • Crédit photo : J. Beaumont 
  • Crédit photo : E. Trotignon 
  • Crédit photo : J. Beaumont 
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Mise à jour :
2/6/2014 à 10 h 52
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Un grand et vieux moulin
Moulin banal avant la Révolution, il devient une grande minoterie qui ne cessa de tourner qu’en 1986. Son toit qui avait été rehaussé dans les années 1930, vient d’être rabattu au cours de l’hiver 2009/2010 (il retrouve ses dimensions d’avant, comme sur cette image). Il abrite aujourd’hui deux associations d’artistes de la région.

Un état d’esprit
L’île du Moulin, c’est surtout un état d’esprit. Car nombre de ceux qui la fréquentent en sont aussi les acteurs. Chacun à sa manière, jardiniers et artistes, regroupés en associations, travaillent sur site. Les premiers veulent faire de l’île un lieu de tous les possibles végétaux : ils sèment, repiquent, bouturent, déplacent, sélectionnent, échangent graines et jeunes plants, essaimant vers l’extérieur, le tout sur la base de techniques dites « écologiques » qui font la part belle à la biodiversité ; reclus entre les murs du moulin ou bien de sortie au jardin, les seconds peignent, sculptent, dessinent et, bien souvent, le site les inspire ; de leur côté, en divaguant dans l’île, en suivant toujours les mêmes tracés, promeneurs tranquilles ou pêcheurs postés près de l’eau, « inventent » les sentiers. Ce faisant, ils s’approprient les lieux, se fondent dans une nature qui semble n’appartenir qu’à eux. D’une certaine manière, ils apportent leur contribution à un édifice pour lequel la nature fait l’essentiel…

Un lieu modelé par le Cher
Entre Boischaut Nord et Sologne, entre semi-bocage et champs de pins, le Cher imprime sa marque. Il est cette longue rivière qui joue avec les saisons, séchant au plus fort de l’été mais qui déborde lorsque surviennent des pluies longues ou violentes. Dans ce cas, il grimpe sur les berges, emporte herbes fines et plus gros cailloux laissant en échange, sous des plaques de boue, de minuscules graines qui ne demandent qu’à germer. Avec les flots du Cher, complices du vent, des oiseaux et des écureuils, quantité de plantes se créent ainsi une nouvelle vie.

Des herbes à foison
Car, ici, se mêlent nature sauvage et nature apprêtée, la seconde confinée dans un petit enclos d’herbes aromatiques au goût du Moyen Âge. Qui connaît encore la livèche et le nasitort, l’ache et la rue ? Ces plantes d’une autre époque reviennent au grand jour, sagement serrées derrière des rangées buissonnantes, buis et charme, faisant clôture. Elles voisinent avec des herbes qui poussent au hasard du sentier, semées par le Cher ou repiquées par une main plus volontaire. Ce sont des roses trémières et des tussilages, des perce-neige du printemps et des cyclamens d’automne qui, dans un joyeux désordre, cohabitent avec des touffes de ronces ou d’épines noires.

Un mélange d’arbres
À côté, les grands arbres : il y a ceux du parc, essences nobles plantées en leur temps – cèdre, arbre de Judée, platane ; il y a ceux de l’île, minuscules graines repoussées sur les berges par la force des eaux, puis germées aux beaux jours, frêne oxyphylle, saules en pagaille ; enfin, il y a tous les autres, résolument plantés, essences oubliées mais qu’il ne faut pas perdre, de la campagne ou du jardin d’hier, cormier, néflier, pommier sauvage, alisier, cognassier…

Fleurs, insectes et biodiversité
Au Moulin, les jardiniers ont la volonté de mêler plantes de l’inculte et plantes cultivées. Chacun en profite, les visiteurs du regard, les insectes qui butinent les fleurs, attirés par leur parfum ou leurs couleurs attrayantes : abeilles, papillons, libellules et les autres, ils aiment se poser sur une corolle ouverte, transporter le pollen à point vers les stigmates mûrs d’un sujet de même espèce. Par là, ils se font pollinisateurs, assurant le plein de nos assiettes et de notre santé. Sans eux, le repas serait bien piètre !

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