Abbaye Notre-Dame du Landais

Association Les Amis du Landais
Mise à jour :
27/5/2013 à 0 h 00
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Profitez du week-end dédié au Patrimoine indrien pour découvrir l'abbaye du Landais à Frédille !

Les origines
Fonstable - (fons stabile) - ainsi était appelé dès le début du XIIème siècle ce «lieu tranquille et solitaire» dans le creux d’un vallon protégé par la forêt. En 1115, un acte de donation nous dit que Ramburge et ses soeurs y bénéficiaient des libéralités des seigneurs d’Argy pour leurs étangs, leurs prés, leurs droits de pacage dans les bois. C’est dire que déjà des bâtiments nécessaires à une communauté religieuse s’élevaient autour de la fontaine.
Il semble que des ermites aient précédé cette fondation et, comme bien souvent dans de tels lieux où jaillissaient des sources, nous pouvons supposer l’existence antérieure d’un culte païen qui s’était maintenu dans les débuts de la christianisation de la Gaule. Aujourd’hui, Fonstable, toujours vivante, est le symbole de la pérennité du site.

L’abbaye est colonisée en 1129 par des moines cisterciens venus de l’Aumône (diocèse de Blois), et une première abbatiale est consacrée en 1135. Deux ans plus tard le Landais est en mesure de donner naissance à une abbaye-fille, Barzelle (près de Valençay), ce qui atteste de son développement rapide.
Grâce à d’importantes donations du seigneur de Buzançais, Jean de Prie, l’abbatiale et une grande partie des bâtiments sont reconstruits dans la première moitié du XIIIème siècle. Le cadastre de 1810 nous permet de reconstituer un plan typiquement bernardin pour des bâtiments couvrant une superficie comparable à Noirlac, avec un système hydraulique très élaboré, fontaines, ruisseaux canalisés, viviers, et six étangs.

De même sont connues les possessions du Landais : forêts, prés et terres cultivées, mais aussi sept moulins (sur le Nahon, sur l’Indre à Niherne et à Buzançais, sur la Trégonce à Villegongis), une forge et onze granges, des maisons de ville à Châteauroux, Villedieu, Buzançais et Levroux.

Les abbés du Landais jouissaient d’une notoriété certaine puisque l’un d’eux fut envoyé en 1227 à Rome pour plaider la cause cistercienne auprès du pape. Après les effets néfastes de la commende, le passage destructeur des compagnies protestantes en 1569 accentue la décadence.

Réparé plus que restauré, le monastère n’abrite plus que le prieur et quelques moines lorsque la Révolution fond sur lui. Vendu comme bien national, dépecé, le Landais, à commencer par son abbatiale, voit les démolisseurs à l’oeuvre. Pierres, charpentes, carrelages et tuiles pour bâtir aux environs fermes, moulins et hameaux. En 1845, il ne reste du magnifique monument que ce qui a été converti aux usages agricoles :
- un choeur à deux travées, autrefois voûté d’ogives, et terminé d’un chevet plat dont il reste les naissances,
- deux chapelles latérales Sud voûtées, séparées de murs pleins, et les naissances des ogives des deux travées du croisillon Nord,
- une travée de la sacristie et, audessus, la cellule du père abbé, plus tard chambre du trésor dessus, (les archives), voûtée comme la sacristie, et qui ouvrait sur le grand dortoir,
- enfin, à l’Ouest, les restes du mur gouttereau de la première travée du bas-côté Sud, auquel est accolé un logis du XVIIème siècle, «le Prieuré», où habitaient les derniers moines jusqu’à la Révolution.

Plus loin, une grande demeure à un étage sous une haute toiture est l’aile des frères convers, transformée au XVIIème siècle pour recevoir l’abbé commendataire lors de ses cle visites et devenue au XIXème exploitation agricole.
L’excellent appareillage et la qualité de la mouluration accompagnent des chapiteaux ornés de larges et souples feuillages. Les culots recevant les nervures font penser aux culots «coudés» apparus dans les églises des Croisés en Terre Sainte dès le XIIIème siècle. On les retrouve aux abbayes de Preuilly et de Jouy, actuellement en Seine-et-Marne, construites vers 1225 par le même atelier itinérant qu’au Landais.
Tous ces détails, rehaussés parfois de polychromie d’ocre rouge et jaune, sont étudiés, calculés, tracés et exécutés avec une élégance et une sûreté admirables. Leur qualité et leur maîtrise remarquables plaident en faveur de professionnels au faîte de leur art et de son évolution.

Cette hypothèse est confirmée par la présence de fondations enterrées. L’abbatiale mesurait 56 mètres de long et sa largeur totale était de 18,50 mètres. Elle était voûtée d’ogives, avec des arcs-boutants surmontant les collatéraux. Le choeur, de la même hauteur que la nef (17m) était éclairé par des baies en triplet et sans doute deux autres baies supérieures. La pierre, extraite aux environs immédiats, s’apparente au tuffeau, mais d’une composition plus ferme.

Les peintures murales
Dans la chapelle sud, des peintures représentent la Vierge à l’Enfant et un personnage qui pourrait être Saint-Bernard. Dans le choeur, des litres seigneuriales couvrent les murs, parmi lesquelles les «anges sur un rocher» du seigneur de Villesavin.

Le bâtiment des convers
Un appartement y fut aménagé au XVIIème siècle. Une cheminée, dans la plus grande salle, est ornée d’un écu peint aux armes de Pierre Hérault, un abbé qui mourut en 1724. Sur la cheminée de la chambre est peint un paysage champêtre.

La Révolution, le temps des vandales
1791 : les trois derniers moines sont partis. Lors de la vente des biens nationaux, le site est divisé en plusieurs parcelles et la démolition commence par l’église, puis disparaissent le cloître, l’aile nord avec les cuisines et le réfectoire, le cellier et la grange des convers. La majorité des matériaux a servi à des constructions aux environs, moulins, granges, fermes. L’aile des moines n’a disparu qu’en 1845 et les vestiges de l’abbatiale visibles aujourd’hui furent utilisés et convertis en cave, en boulangerie, en porcherie, en remise. La grange du XVIIème siècle, parallèle à la route, était reliée à l’église par un beau portail d’époque Renaissance, démoli seulement en 1960.

[Texte fourni par l’association «Les Amis du Landais» (loi de 1901) qui a pour buts la protection, la sauvegarde, l’entretien, la restauration et l’animation de l’ancienne abbaye, et toutes recherches archéologiques et historiques la concernant, ainsi que toutes études et publications ayant trait aux abbayes cisterciennes du Bas-Berry.]

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